Hier soir, l'ex policier, Derek Chauvin, a été condamné, pour les trois chefs d'accusation portés contre lui, dont le "meurtre". Il n'est pas le premier policier américain jugé, condamné, emprisonné, mais il est déjà devenu, il va devenir, le plus emblématique de ces tueurs "en uniforme", et ces condamnations marquent une étape dans la fin de l'impunité/immunité octroyée à ces agents par un système juridico-politique racialiste et raciste. Mais la longue marche, civique, commencée, n'est pas terminée. Au moment même où ces condamnations étaient énoncées, une jeune fille de 16 ans, qui avait elle-même appelé la police pour lui porter secours, a été assassinée par un agent de police, de 4 balles, alors que, là encore, une intervention policière sérieuse passait par l'usage d'une force, non létale. Une question auxquels ces procès ne répondent pas est pourtant essentielle : combien de ces "tueurs en uniforme" sont des racistes qui "font un carton" ? Parce que des enquêtes ont révélé la présence d'un racisme omniprésent dans ces forces, y compris au dépens de celles et ceux, professionnels, qui ne donnent ni dans ces sentiments ni dans ces propos. Derek Chauvin a refusé de témoigner à son procès : ce choix, dicté par son avocat, lui a sans douté été préjudiciable, puisque les membres du jury n'ont pas pu entendre de sa bouche ses explications. Un avocat peut jouer contre les intérêts de son client par une erreur de stratégie. Et, en l'espèce, tant mieux. Eu égard à un crime d'une laideur absolue, alors que plusieurs personnes l'invitaient, calmement, à cesser d'étouffer George Floyd, ces condamnations constituent une étape, mais l'essentiel est que de tels préjudices ne se produisent pas – pas qu'ils soient, un jour, éventuellement, condamnés. Le mieux (qu'il y ait Justice par un procès) est l'ennemi du Bien (qu'il n'y ait pas de préjudice) s'il empêche d'aller vers ce Bien, au motif que, malgré tout, il y aura un procès si… Comme tant de citoyens l'ont dit publiquement dans des manifestations remarquables, ce sont les droits, les moyens et la formation des policiers qui doivent être revus, changés, et, pour certains, annulés. Une arme létale a pour objet de paralyser – définitivement. Il existe des moyens qui permettent, désormais, de paralyser une personne, sans la tuer – dès lors qu'elle représente, véritablement, un danger pour les autres (et pas comme les LBD utilisés sur des citoyens qui ne constituent pas un tel danger). Pour le reste, la police doit être concentrée sur la grande délinquance, le "crime organisé" et la délinquance en col blanc – sauf que, presque partout dans le monde, la police dédiée à cette forme de délinquance est en sous-effectif, sous doté, avec des moyens juridiques inadaptés. Mais de telles réorientations ne viendront qu'avec une politique générale différente, novatrice, laquelle, par exemple, fera baisser la petite délinquance par la hausse du "niveau de vie" de l'ENSEMBLE de la population.
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