Mort de Clément Méric: «Tout ce qui est dit, c’est de la calomnie» – Libération

«Aujourd’hui, Clément a été assassiné une deuxième fois. Par les médias, cette fois.» Hervé1 s’exprime la voix un peu tremblante devant plusieurs journalistes, ce mardi soir, lors d’une conférence de presse décidée quelques heures plus tôt. Il parle au nom du collectif Action antifasciste Paris-banlieue, auquel appartenait Clément Méric, tué en pleine rue, le 5 juin, dans le IXe arrondissement à Paris.

Mardi matin, une vidéo de l’agression a relancé la polémique sur le contexte de la mort du jeune homme. RTL assure avoir visionné des images de l’agression tournées par une caméra de surveillance de la RATP. Cette vidéo, selon RTL, présenterait le jeune militant antifa comme l’agresseur du skinhead Esteban Morillo, qui lui a porté le coup mortel. D'après nos informations, la police, en possession de la bande dès le lendemain de l’agression, ne partage pas du tout cette «interprétation».

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«Ce qui s'est passé, on le saura le jour du procès»

Ils sont une petite dizaine de membres du collectif action antifasciste ce mardi soir. Le rendez-vous a été donné à la presse dans une ruelle aux murs tagués de Ménilmontant, à deux pas de l’un de leur bar fétiche, le Saint-Sauveur. Seul l’un d’eux, Hervé, s’exprime publiquement, les autres restent de marbre. «Nous n’avons pas vu la vidéo, elle est sous le secret de l’instruction, commence-t-il. RTL dit aujourd’hui avoir vu ces images, mais personne n’en a la preuve. Les affabulations, on les leur laisse. Ce qui s’est réellement passé le 5 juin, nous le saurons le jour du procès. En attendant, tout ce qui est dit, c’est de la calomnie.»

Derrière les quelques journalistes présents, des membres du collectif surveillent d’un oeil les notes prises et les cadrages des caméras, manière de montrer leur méfiance à l'égard des médias. «Il est confortable de renvoyer dos à dos les antifas et les militants d’extrême droite, comme si c’était le revers d’une même pièce, mais c’est faux.»

Il poursuit: «Clément Méric est mort, il a été tué sous les coups d’Esteban. Voilà, les seuls faits avérés pour l'instant. Et oui, il y a eu provocation. Quand on se pavane dans la rue avec un tee shirt sur lequel est écrit "100% pur race", c’est une provocation. Face à un acte intolérable, nous réagissons. Notre réaction est verbale, politique. Mais forcément, face à l'extrême droite qui n'agit que par la violence, les choses dégénèrent parfois.»

Il sort une feuille gribouillée de sa poche, la rerange aussi sec. «Ce qui nous affole et qui doit vous interroger, vous journalistes aujourd’hui, c’est de voir comment une information non vérifiée circule allègrement depuis ce matin, reprise par les différents journaux.» Interrogé sur l’usage ou non du poing américain pendant la bagarre, Hervé répète, agacé: «On ne va pas faire l’instruction à la place de l’instruction. La vérité sur ce qui s’est réellement passé, nous la connaîtrons le jour du procès.»

La conférence ne durera qu’une dizaine de minutes, se terminant brutalement par un: «Nous sommes fatigués. La mort de Clément, pour vous, c’était peut-être il y a longtemps. Pas pour nous.» Sur le mur, derrière lui, ce graffiti où est écrit en grosses lettres rouges «Brest le rouge» avec le visage de Clément dessiné en blanc

via www.liberation.fr

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