Jean-Pierre Dupuy : Le Feu Nucléaire encadré par des rationalités, mais le désir nihiliste a déjà créé l’événement…

LAGUERREQUINEPEUTPASJPDUPUY

Dans cet ouvrage, Jean-Pierre Dupuy affirme, dès le premier chapitre, et à l'occasion de son expression publique, comme dans l'émission "Interdit d'interdire" déjà signalé ici, et dans cette conférence récente reproduite ci-dessous, que "(presque) tout le monde s'en fiche". C'est la première, mais pas la dernière, de ses affirmations, que nous devons contredire. Cet ouvrage, savant, est la démonstration, remarquable et terrible, qu'un travail fondé et sur une bonne volonté, et sur une somme impressionnante de connaissances, peut néanmoins "taper à côté" du sujet, du problème, en raison d'un certain nombre de postulats erronés et de perspectives essentielles ignorées ou occultées. Il faut donc dire que cette lecture, critique, de l'ouvrage, est fondée sur un véritable respect envers l'auteur. La faiblesse commune va à préférer les flatteurs, mais la raison sait que les véritables amis se disent "la vérité". Alors, pour commencer, non, "tout le monde ne s'en fiche pas", mais le "feu nucléaire" a été mis à distance des citoyens, par les, rares, Etats, qui en sont les prétendants "bons détenteurs". Le "secret" règne sur ce sujet, relativement. La diminution, régulière, du nombre et de la gravité des guerres, outre la bonne nouvelle qu'elle représente pour la majorité des civils sur cette planète, a pu les convaincre que la menace d'une confrontation militaire de très haut niveau, laquelle pourrait impliquer l'usage des armes nucléaires, se réduisait également, ou était nulle, en raison de la trop fameuse "dissuasion", mais il n'en reste pas moins que nombre de civils considèrent que l'EXISTENCE même de ces armes, en tant qu'épée de Damoclès sur leurs têtes, constitue ENCORE et DEFINITIVEMENT un scandale, un crime, avant même le crime, et qu'il fallait militer pour le désarmement. Enfin, dans le cadre des mobilisations dans le monde entier contre telle ou telle guerre, "en puissance ou en acte" pour reprendre des termes aristotéliciens, étaient également visés, implicitement ou explicitement, ces armes, ce risque. Une autre affirmation, "banale", et, précisément, en tant que telle, inattendue sous la plume d'un professeur de Philosophie qui est censé se méfier des on-dit qui circulent, c'est que, depuis l'apparition de cette arrme, "l'Humanité" s'est mise en situation de s'auto-détruire. Or, ce n'est pas "l'Humanité" qui s'est mise en situation, mais, dans des pays bien spécifiques, une MINORITE, intellectuelle, théorico-pratique, les savants et les politiques, lesquels ont posé le principe du fait qui est le droit : nous avons l'arme nucléaire, donc, nous l'incluons dans notre arsenal, et nous en faisons une force de "dissuasion", mais en fait, de menace. Donc, de ce point de vue, Jean-Pierre Dupuy a raison de dire que le non-usage, APRES NAGASAKI, de cette arme, jusqu'ici, ne repose pas sur une rationalité efficace et certaine, mais, un, sur de la chance, et il rappelle des situations où ces armes ont failli être utilisées "par erreur", deux, sur le fait qu'aucun conflit n'a atteint une telle intensité que, pour les militaires concernés, son usage passait de possible à nécessaire (la crise des missiles à Cuba étant l'exception qui confirme cette "règle", de fait). Mais ce non usage est l'Histoire même depuis HIROSHIMA et NAGASAKI. Donc, des humains ont osé se servir de ces armes, pour viser des cibles largement civiles… Il est parfaitement légitime de considérer que les victimes de ces deux explosions ont servi de cobayes "vivants" concernant la réalité de ce feu nucléaire, dans la mesure où les Etats-Unis pouvaient faire une démonstration, sans victimes, afin de convaincre le gouvernement japonais de cesser la guerre. Il est étonnant que, depuis ces deux explosions, aucun parallèle n'ait été fait entre les camps d'extermination nazis et ces deux explosions-exterminations. C'est que l'arme nucléaire est l'arme de l'être/néant, par lequel son prétendu usager en droit affirme la négation de l'Autre, ce qui constitue la définition simple et radicale du projet génocidaire nazi. On objectera superficiellement que les dirigeants des Etats-Unis n'avaient pas un tel projet génocidaire contre les Japonais, parce que l'on confond l'action avec l'intention. Or, sans avoir cette intention explicite, l'action même de l'explosion a fait disparaître des milliers de personnes, dans un gigantesque "four crématoire". Et si le gouvernement japonais n'avait pas cédé, est-ce à dire que les Etats-Unis auraient continué à bombarder le Japon avec de telles armes ? Et jusqu'où ? Il faut donc interroger cette cécité, depuis cette époque, notamment dans le monde des penseurs, mais évidemment, chez ces "décisionnaires" "en chef". Parce que, pour les civils, ils ont parfaitement compris le sens de la menace. Actuellement, quelques individus sur cette planète sont en capacité de perpétrer, sous des prétextes ou des motifs, fallacieux ou apparemment moins fallacieux, un crime contre l'Humanité, sur le simple fait de leur volonté. Si on peut se réjouir que, après Hitler, il n'y ait pas eu d'autres Hitler, il ne faut pas se focaliser sur le profit spécifique de ce "tueur en série", pour croire que seul ce profit peut conduire à de telles décisions/conséquences, d'autant que le seul humain qui ait jamais pris une telle décision ne fut pas Hitler (on sait qu'il l'aurait fait, si…), mais ce petit bonhomme, à l'allure anonyme, Harry Truman. Or, ce sont des chemins et des problèmes que cet essai ignore, d'autant que son propre titre est en contradiction avec son propos "La guerre qui ne peut pas avoir lieu", dans la mesure où le propos dépasse la problématique conflictuelle (guerre ou pas guerre), pour se concentrer sur l'existence de la puissance nucléaire militaire, son encadrement paradoxal par des "logiques" et des "raisons", qui dissimulent le désir criminel de la plus grande violence. Avec ces Etats-de-droit, "justifiés" par la "philosophie libérale", et dans lesquels, par exemple, le Français, un des principes fondamentaux du Droit est le fait que nul ne dispose d'un droit spécial qui justifie qu'il puisse causer, sauf motifs légitimes ou nécessaires, un préjudice à autrui, et, sinon, doit le réparer. Or ce sont de tels "Etats-de-droits" qui prétendent disposer d'un "droit exceptionnel", un droit de mort, sur toutes les vies de cette planète, au motif qu'ils ONT l'outil pour. Dans l'hypothèse d'un usage, l'hypothèse d'une possibilité de réparation est nulle. Donc, en soi, être en situation de pouvoir causer, que cela soit la conséquence d'une décision pesée, "justifiée", ou d'un accident, un tel préjudice est en soi un préjudice causé aux Droits Humains Universels, et doit donc être et attaqué et abandonné. Nous constatons que, à une époque où, en raison des dangers ET des destructions, sur et contre la vie terrestre, la "biodiversité", jusqu'à nous-mêmes, abîmés, empoisonnés, etc, par des "droits exceptionnels" que des entités, Etats ou entreprises, s'auto-attribuent, ce droit, génocidaire, de tuer, n'est pas, intellectuellement, cité, ciblé, remis en cause, principalement par les intellectuels capables de formuler les volontés universelles et les volontés populaires,  et les luttes sociales contre ces dangers ET destructions ne les relient pas à ce "privilège" criminel. Pourtant, il serai
t cohérent qu'un mouvement pour le monde vivant soit aussi un mouvement pour la paix, pour le désarmement sous contrôle des populations. Le danger réside dans l'existence des Dangereux, de ce qui sont heureux d'être des Dangers : les Nihilistes (cf "l'Armée des 12 Singes"). De ces "Nihilistes" dont les premiers ont été les Gnostiques, créateurs de la matrice Manichéenne, nous avons traité la folie et les propos, dans une conférence, désormais publiée dans l'ouvrage "Dieu sans religions". Nous le répétons : les critiques exprimées ici sur les perspectives, les présupposés et les développements de ce livre n'induisent pas qu'il ne faut pas le lire, au contraire. 

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