Dans le chapitre intitulé «Antisémitisme, antisionisme et défense des droits des Palestiniens», Gilles Manceron, membre du CC de la LDH et du collectif «Trop, c’est trop!)» procède à plusieurs rappels de courants, de faits historiques, d’une manière synthétique (c’est un chapitre de l’ouvrage), en omettant d’interroger plusieurs de ces aspects, que ce soit, donc, en raison d’un manque d’espace, ou en raison de principes interprétatifs problématiques. Dans l’introduction de son propos, il rappelle que, déjà, dans l’usage des termes qui circulent (grâce à qui ? À cause de qui?), comme dans celui d’antisémitisme, construit sur la racine «sémites», ce terme qui sert à identifier des Hébreux/Juifs et uniquement eux, est inadapté, puisque LES sémites ne sont pas seulement ces Hébreux/Juifs, mais également les Arabes, etc. Le seul terme rigoureux serait donc antijuif(s), et c’est ce que nous écrivons ici depuis longtemps, mais hélas l’auteur, par la force de la convention, maintient l’usage de «l’antisémitisme». Il faut dire que l’extension qui fait passer le(s) visé(s) d’Hébreux/Juifs à Sémites permet de laisser penser que cette intentionnalité négative vise une plus large communauté humaine – même si, dans son usage, certains des Hébreux/Sémites l’utilisent pour eux-mêmes uniquement, en en retranchant les autres, Sémites, Arabes, Palestiniens, etc. Etant donné les comportements d’hostilité, voire de haine, jusqu’aux crimes, en cause dans ce phénomène de «l’anti», l’auteur, logiquement, consacre une partie de son propos à celui qui s’est développé dans la Chrétienté européenne, jusqu’à ceux des siècles récents, des pogroms au projet génocidaire nazi (jusqu’à sa mise en œuvre et réalisation), et c’est l’occasion pour lui d’évoquer le sionisme, ce projet de certains Juifs de disposer d’un Etat, juif, pour des Juifs, en tant que membres d’un peuple constitué et institué. S’il rappelle qu’une partie de ces comportements s’est particulièrement exprimée, développée, dans la Russie tsariste, l’auteur, focalisé sur l’antijudaïsme, il reste à constater, et prendre en compte, la raison pour laquelle la Russie post-tsariste, aura été, avec l’URSS, pour les Juifs, quelle que soit leur nationalité, un lieu de vie, d’épanouissement, de protection, où ils pouvaient être, agir, contribuer – au point même que le plus grand judéophobe européen, Hitler, parlait systématiquement, à propos du bolchévisme, de judéo-bolchévisme (ce qui était à la fois juste et faux, juste, puisque nombre de cadres soviétiques étaient aussi juifs, faux, puisque nombre de camarades soviétiques, une majorité, n’étaient pas juifs). Par contre, il évoque la «campagne anti-cosmopolite» et le «complot des blouses blanches » pour associer l’URSS à ces pratiques et propos visant les Juifs, alors que ces phénomènes furent sporadiques, mineurs. Les anti-Juifs ont visé les Juifs en tant qu’une unité, un «peuple», et c’est donc l’histoire d’un peuple que les Sionistes ont revendiqué, pour en faire un «Etat». Or, dans son récit sur cette histoire, l’auteur écrit que «le judaïsme est une religion qui s’est propagée après la fin du royaume de Jérusalem au 1er siècle, mais aussi à partir d’autres communautés à Babylone, Rome, (…) » et que, sur cette base, «le sionisme invente la notion d’un peuple juif ayant une généalogie commune ». Le sujet étant complexe, il faut être précis. Les Hébreux existaient, en tant que peuple(s) sémite(s), dans l’Antiquité. Après l’ère chrétienne, des exodes, contraints, ont eu lieu. C’est ce qui a provoqué une «diaspora», faisant, de cette manière, des Juifs, des citoyens du monde spéciaux, puisque présents dans la plupart des pays du monde. Aujourd’hui, sont Juifs, des femmes, des hommes, des enfants, dont les caractéristiques physiques sont très diverses, dont les coutumes le sont aussi, etc. Il est certain qu’il existe des Juifs dont les familles sont les «descendantes» de celles et ceux qui ont été expulsés de Judée par les Romains, et d’autres qui sont tout aussi Juifs, tout en n’ayant pas une telle ascendance (conversions, autres lignages hébraïques, comme… pour les Palestiniens ?!). Il en va de même pour les Français d’aujourd’hui : peu sont des descendants des Francs, qui étaient, numériquement, un petit peuple, et dont les différents rois qui se sont succédés se sont légués et ont légué à leurs héritiers la volonté de construire un territoire toujours plus grand, en intégrant à la France, des Bretons, Aquitains, ….etc, et pourtant, tous sont Français actuellement, à la fois par la nationalité, des «papiers», mais aussi, la langue, la mémoire, les références. Pour les Juifs du monde, l’Ancien Testament a servi de support à la construction permanente de ce lien entre tous, mais certains s’en sont aussi servis pour réduire les liens, pour en exclure d’autres. C’est ce qui advient à notre époque, sous une forme étatisée, par la confrontation entre «Israël», en fait, son gouvernement, la classe sociale qui l’anime, le contrôle, et les Palestiniens, assurément des frères sémites, dont certains ont un même lignage historique, jusqu’aux familles de l’ère pré-chrétienne ou post-chrétienne. Un autre «sionisme» pourrait exister, en y associant les Palestiniens – mais celui qui domine entend les en exclure. C’est ce réduc-sionisme qu’il faudrait interroger, sur ses causes. Cette logique «anti-autres» et notamment antipalestienne peut aller jusqu’à imiter les phénomènes anti-juifs évoqués auparavant : les peuples du monde n’ont pas le monopole de la violence anti-xxx sous la forme de l’antijudaïsme, et des Juifs peuvent accomplir les mêmes fautes, les mêmes crimes, que d’autres. Le fait d’être Juifs (avec toute cette histoire mondiale) ne les vaccine pas contre cette hyper-violence, contre d’autres. Ce sadisme, qui a caractérisé des armées, péniblement célèbres pour cela, peut s’observer aujourd’hui au sein de Tsahal, d’une manière évidemment moins destructrice et systématique que l’armée nazie et ses services para-militaires à l’époque de la Shoah. Cela dit, les pratiques guerrières dévastatrices, et pour certaines, criminelles, de l’armée israëlie
nne, indubitablement attestées par des témoignages et des preuves, nourrissent une hostilité, et une haine contre Israël, son gouvernement, ses élites, qui, parfois, peuvent s’étendre à «tout Juif», sur la base d’un oubli fondamental, à savoir que ce sont pas LES Juifs qui sont responsables de ces pratiques, mais DES, et que, comme dans tout phénomène de généralisation, il y a donc cette omission, essentielle, gravissime, mais aussi que, si ce ne sont pas LES Juifs qui sont responsables de ces pratiques, mais DES Juifs, ceux-ci attirent sur eux l’hostilité, l’opprobre, et rendent possible cette extension à toute une population – comme lors des invasions et occupations allemandes pendant la Seconde Guerre Mondiale, nombre d’Européens maudissaient «les» Allemands, en y associant, en pensée, les citoyens allemands, non militaires, non nazis, etc, alors que nombre d’Allemands avaient été, avant 1933, ou étaient encore des opposants au Nazisme, s’ils n’avaient pas été, eux aussi, assassinés avant la guerre. Ces phénomènes «anti» et phobiques sont le fait de minorités, qu’il faut impérativement contrôler, juguler, et qui, s’ils ne le sont pas ou pas assez, peuvent prospérer, parce que ceux d’en face sont paresseux, désorganisés, divisés – du fait de cette logique de division dont ces racistes, anti-x, sont des spécialistes. Territoires et richesses des, territoires, ces diviseurs sont des spécialistes de l’appropriation, mise à profit, et ce, par l’exclusion de potentiels ayant-droit ou de multitudes avec laquelle il faudrait composer, partager. C’est ce dont ces capitalistes coloniaux, qu’ils soient à la tête d’Israël, aux Etats-Unis, ou ailleurs, sont et font. Une réponse unifiée est susceptible de les faire chuter. Il faut être conscient que nous avons à faire à des extrémistes, prêts à déclencher des guerres, y compris une guerre suicidaire (nucléaire et planétaire), plutôt que d'accepter la remise en cause de leur logique, et d’accepter que la vie humaine puisse devenir un Paradis sur Terre, puisqu’ils en ont la haine. C’est de cette haine, ancienne, quasi «secrète», alors que, exposée au grand jour, elle nous saute aux yeux partout, que ce chapitre ignore fondamentalement, alors que, avec les Hébreux/Juifs, un événement unique dans l’histoire des peuples s’est produit : le gnosticisme/manichéisme, pour qui le monde est laid, détestable, soumis à un Dieu/Mal. C’est le premier et le plus important des nihilismes historiques. Il est à la base, une secte hébraïque. Son objectif est clairement apocalyptique (cf mon ouvrage Dieu, sans religions, et la récente édition, avec l’ajout d’une conférence sur le sujet).
NB : Les remarques critiques formulées dans cette présentation se justifient, à la fois, par les connaissances de l’auteur de la note, ses propres analyses, et par l’intérêt général du chapitre. C’est un «dialogue» avec M. Manceron. Dans un vrai dialogue, aucun des interlocuteurs n’est un béni oui-oui. L’auteur de cette note recommande donc la lecture de ce chapitre – et d’autres, comme le prouvent les deux premières notes déjà publiées, et les deux autres à venir