Les «Licenci’elles» emportent une victoire contre les licenciements boursiers – Page 3 | Mediapart

Pour autant, le rapport de force n'est pas terminé. Et comme pour les « Conti », qui l'ont finalement emporté devant le tribunal le 30 septembre (lire ici notre précédente enquête), les Licenci'elles sont en attente d'un autre jugement, celui de la cour d'appel de Douai. Attendu ce 22 octobre, le verdict ne devrait pourtant pas contredire la décision prise en première instance sur l'invalidité économique des licenciements 3 Suisses.

La bataille judiciaire est tout autant symbolique que financière. D'ailleurs, Christine le reconnaît franchement : « On se bat d'abord pour les indemnités, parce qu'en janvier prochain, sans travail, moi comme d'autres, on ne touchera plus rien. » Ensuite, parce que ce combat devrait pouvoir permettre de bloquer, même momentanément, de futurs licenciements, rendant la tâche du groupe Otto plus difficile. Même si, encore une fois, le vote de la loi ANI (accord national interprofessionnel de la loi sur l'emploi), en 2013, complique la tâche des défenseurs du code du travail à la française.

  • Regardez ci-dessous l'analyse de l'ANI faite par l'avocat Fiodor Rilov

L'ANI, un cadeau embarrassant légué par le gouvernement socialiste auquel s'ajoute une autre bataille, également chère à Fiodor Rilov : celle de la reconnaissance de la co-responsabilité du propriétaire du groupe vis-à-vis de sa filiale en cas de conflit avec les salariés. Dans le cas des Licenci'elles,  l'implication d'Otto, maison mère de 3 Suisses France, doit être établie via la société 3 Suisses International dont il détient 51 %.

Long et sinueux, ce parcours juridique est néanmoins souvent victorieux, comme dans le cas des Conti, des Goodyear, des Mory Ducros et autres Samsonite… De grosses entreprises ont régulièrement été condamnées à payer de lourdes indemnités à leurs anciens salariés pour licenciements abusifs. Pour autant, les usines ferment, et les emplois sont bel et bien perdus. Alors à quoi bon lutter ?

« On pourra gagner mille procès, ça ne suffira pas à changer le capitalisme », concède Fiodor Rilov, qui ne cache pas ses opinions révolutionnaires, à tel point qu'on le surnomme souvent « l'avocat rouge »… « Il faut réorganiser le champ politique, construire une force suffisamment puissante et qui prend appui sur une multitude de batailles sociales. Mais je crois néanmoins que l'action en justice est une route qui doit être empruntée parmi d'autres, car c'est aussi là qu'on fait l’expérience de la possibilité de battre l'adversaire, aussi fort soit-il. »

  • Regardez ci-dessous l'avocat Fiodor Rilov sur la nécessité d'aller en justice

via www.mediapart.fr

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