
Parler des films, et de tels films, expose à des risques, comme trop en dire sur le récit. Abstenons-nous aussi de ce « mal ». De ce film, son réalisateur, Jacques Audiard dit qu’il n’est pas une « comédie musicale », et, s’il y a pourtant des scènes où il y a des chants et danses, en effet, « Emilia Perez » n’est pas une comédie musicale, parce que le film n’est pas structuré par, de bout en bout, et parce que le tragique le définit. Ce tragique naît d’un couac : le désaccord, vécu, ressenti, tu, entre un corps et une âme, un désaccord qui, pour sa victime, la conduit à vivre une autre vie que celle qu’elle souhaitait, jusqu’à l’écoeurement, la violence masculine maximale. Pendant des siècles, celles et ceux qui se ressentaient ainsi étaient assignés à résidence, définitive. Mais désormais, il y a « opération(s) » : les marqueurs de l’identité peuvent être modifiées. Il y a reconstruction. Devenant « Emilia Perez », il y a, enfin, corps-accord, et chant(s), échu : « Je veux être une femme heureuse ». Mais dans un corps, l’âme reste « le principe moteur » : le corps devenu autre n’induit pas que l’âme soit devenue autre, et un des personnages du film le dit explicitement. Et un autre couac advient alors… Ce film devait être musical jusqu’au bout des ongles, parce qu’il y a ces chants qui partent des coeurs. Et dans les chants, il n’y a pas de supérieurs/inférieurs, ni de crimes – c’est seulement après…
« Emilia Perez » démontre, avec d’autres, que nous sommes en marche vers un nouveau cinéma, qui sera, enfin, Poésie, Art – contemplations, méditations, et téléempathie.
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