Dans une récente édition du nouvel Obs, Julie Clarini écrit : « Un archéologue égyptien versé dans l’exploration des nécropoles, une jeune papyrologue américaine et un fameux spécialiste des tragédies grecques. (…) Tout commence par un papyrus exhumé sur le site bien connu de Philadelphie, ville égyptienne datant de l’époque ptolémaïque aujourd’hui disparue, située à environ 85 kilomètres au sud-ouest du Caire. L’archéologue Basem Gehad l’envoie en novembre 2022 à Yvona Trnka-Amrhein, professeure de littérature grecque à l’université du Colorado et spécialiste des papyrus. Celle-ci, en analysant mot à mot le document de 10,5 pouces carrés et d’une petite centaine de lignes, en comparant la métrique et le style avec ce qu’on connaît notamment grâce à une base de données numérisée des textes grecs anciens, déduit qu’elle est certainement en présence d’extraits inconnus de pièces perdues d’Euripide. On estime posséder aujourd’hui autour de 20 % de sa production, 18 œuvres sur plus de 90 (à titre de comparaison, d’Eschyle, il n’en reste que 7 et de Sophocle, 8. (…) Que changeront quelques dizaines de lignes supplémentaires, alors qu’on évalue entre 1 % et 10 % la part de la production littéraire grecque qui nous est parvenue ? » Et, en effet, l’immensité de la production intellectuelle grecque ou sous influence grecque, qui, brièvement, a pu être rassemblé dans la plus grande bibliothèque de son temps, à Alexandrie, est aussi disparu que l’Atlantide, puisque, pour nombre d’auteurs-penseurs, il ne reste rien ou quasiment rien, comme pour Epicure qui a tant écrit et dont il ne nous reste que deux lettres. Autre « miracle grec », la conservation des « Dialogues » de Platon, et ce grâce aux copieurs néo-platoniciens, puis par les copistes arabes, avant qu’ils ne nous offrent, gratuitement, des copies de ces Dialogues. En attendant, sous nos pieds, ou dans des lieux comme la Bibliothèque du Vatican, des oeuvres inconnues sont conservées, malgré les effets du temps, et feront leur retour à la lumière, si nous les cherchons, si nous avons de la chance.
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