#Cesar2020 : Cinéma en France – et si professionnels et citoyens reprenaient la main sur… ?

L'Histoire officielle du Cinéma en France compte un petit siècle d'existence. Au regard de l'Histoire humaine, de l'Histoire des techniques, une telle durée est faible. Mais l'Histoire du Cinéma est plus longue parce qu'elle s'inscrit dans l'Histoire de la représentation. Ce n'est pas un hasard si, au terme d'un siècle déterminé à représenter tout et tous, par, "la littérature", "la peinture", les sciences, le Cinéma est devenu l'enfant de ce Désir. De France, l'écriture du mouvement, comme l'étymologie l'exprime, commencé dès Lascaux, a permis à des actrices, des acteurs, des scènes, de devenir des figures de la mémoire vivante, avec des images comparables à des tableaux. Il y a des oeuvres d'art, à la fois, en tant que films, mais surtout, en tant qu'images, spécifiques, dans tel ou tel film. Il y a des iconiques devenus "idoles". Mais cette Histoire n'est pas simplement celle d'un déploiement quantitatif et qualitatif, à l'instar du progrès des techniques, de la qualité des images. Il y a eu des progrès et des régressions. Un moment clé dans l'Histoire du cinéma en France aura été quand et comment il est passé sous le contrôle d'une autre instance de la Représentation, la Télévision, au début et milieu des années 80. A partir de cette période, où ce choix fut aussi dicté par, officiellement, la volonté de protéger le cinéma en France par des dotations financières garanties, la production, de son amont à son aval, a fait l'objet d'un contrôle, bureaucratique, parisien, "social", de plus en plus puissant. Les films originaux de la période antérieure sont devenus impossibles. La "modélisation", par genre, s'est imposée. Des petites sociétés de production, des "indépendants" ont réussi à soutenir, à faire diffuser, des films que les fourches caudines nationales auraient, à priori, ou en cours, refusé, rejeté. Mais, avec le temps, ces petites sociétés de production sont devenues, deviennent, de moins en moins nombreuses – mais encore, elles existent, et réussissent, comme l'illustre cette année, "Les Misérables", par exemple (SRAB Films). Le contrôle du Cinéma par la Télévision a pris corps en devenant le principal canal de diffusion (l'apparente gratuité de la diffusion, en fait, financée par la publicité, qui, de plus en plus, s'impose en amont et pendant la diffusion d'un film), par la gestion de plusieurs événements, comme "les César". Et, placé sous cette tutelle, le Cinéma français a subi un enrégimentement total et violent. La "fête du milieu du Cinéma" est devenu une cérémonie de remise de prix, guindée, où le temps consacré aux prix, aux nominés, aux films, est ridicule. Résultat : la cérémonie est a-cinématographique (elle pipeulise, les films y devenant même absents !), anti artistique (les "animateurs" étant des chauffeurs de salle de Club Med), et antisociale, dans la mesure où ce dont parlent ces films que les citoyens sont allés voir est interdit d'explicitation et de débat. Des catégories sont même particulièrement maltraités : les scénaristes, et, notamment, les auteurs/écrivains (des récits et des dialogues !), et les "intellectuels", sont, comme on le dit en ce moment, invisibilisés. Invisibilisés : donc, interdit d'être représentés, lors d'une fête de la Représentation, artistique. Pourtant, ce fut un des sujets de cette cérémonie #2020 : les femmes et les hommes qui ne sont pas blancs, des faits sociaux majeurs sur lesquels les responsables auraient préféré qu'il y ait une chape de plomb, afin d'en rester aux abstractions habituelles, avec "la liberté des artistes". Mais on le voit : l'invisibilisation va bien au-delà de celle qui est énoncée, narrée, expliquée. Le contrôle de la production assure déjà une large invisibilisation : des populations (les travailleurs, les poètes, les "fous", les animaux !) et des faits sociaux restent interdits de. Evidemment, si le Cinéma, officiel, bloque, les moyens autonomes de représentation ont pris le relais, prennent le relais. Mais, qu'ils existent, et que ce que tant voudraient faire taire, ignorer, se dit, se montre, est entendu, justifie t-il que le Cinéma en France, continue, comme en 40 ? ! Avec cette cérémonie, le plus étonnant n'est pas qu'elle se soit terminée en eau de boudin comme elle s'est terminée, mais qu'elle ait eu lieu, sans qu'il y ait eu de révolte et de prise de parole. Il faut dire que, très certainement, une telle révolte aurait conduit à ce que la retransmission soit coupée. Mais au moins, il y aurait eu, l'événement. S'agit-il d'une première étape ? Reprendre la main, collectivement et clairement, sur le Cinéma, en tant qu'Art, permettrait enfin de penser à ce que pourraient être des Visions pensées, pensantes, reliées aux désirs, rêves, collectifs, publics. Il serait ainsi possible d'articuler réalisme et fantastique, qu'il s'agisse d'évoquer du non-conscient que de proposer le chemin vers une u-topie. Via la recomposition du CA de l'Académie des Césars, le monde du Cinéma et les citoyens ont l'occasion de penser et de décider les principes, les formes, de son organisation, de ce qui, demain, pourra être projeter. C'est qu'il faut sortir de l'infantilisation, de la domination financière, du cynisme, de tout ce que cette réduction de la Représentation, tant dans ses conditions que dans ses oeuvres, provoque. Il s'agit de penser pour créer, pour les décennies qui viennent, à long terme, sans se soucier du petit lendemain faussement narré par celles et ceux qui répètent l'écume des choses, 24 heures sur 24. Proposition est faite à Pacôme Thiellement : que cette fête annuelle du Cinéma en France soit poétique ! ou polétique ! 

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Translate »
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x