La première salve de célébrations n’a pas attendu l’inauguration officielle du « vaisseau de verre » de la fondation Vuitton, signé par l’architecte Frank Gehry. Depuis le mois de septembre, les articles se succèdent pour encenser l’écrin qui abritera la collection d’art de Bernard Arnault, le puissant patron de LVMH et la première fortune française.
Ils sont bien recensés dans cet article d’Arrêt sur images qui s’amuse à comparer les superlatifs employés par Le Figaro, lequel célèbre « l’iceberg du bois de Boulogne », Paris Match, impressionné par ce bâtiment qui s’élève « vers le ciel, comme une prière », le JDD qui titre sobrement « c’est un musée extraordinaire », ou encore Le Monde Magazine qui admire « un objet organique, vivant et changeant, avec des propositions nouvelles à chaque instant ». Quant au journal Les Échos, possédé par Bernard Arnault, il fait de ce « musée exceptionnel », ô surprise, « l’événement de la rentrée ».
François Hollande et Bernard Arnault devant la fondation Vuitton, le 20 octobre © Reuters
Le feu d’artifice s’est poursuivi avec la présentation officielle à la presse du musée, et la soirée d’inauguration, lundi 20 octobre, en présence du président de la République et d’un parterre de stars, dans une « ambiance festival de Cannes », dixit LCI, avec toutefois une présence accrue du monde des affaires, si l'on compare à ce qui se passe sur la croisette. Parqué avec ses confrères à bonne distance du cortège officiel, un journaliste de Mediapart a eu le privilège d'apercevoir, en plus de la famille Arnault au complet, incluant donc Xavier Niel, actionnaire du Monde et compagnon de la fille de Bernard Arnault, les patrons d'Eiffage et de Vinci, le patron de la FIAT, John Elkann, ou celui de Ventes privées, Jacques-Antoine Granjon…
Par charité, on ne citera que l’éloge le plus abouti, émanant du Huffington Post, qui se demande « comment a fait Frank Gehry ? », par la plume de son éditorialiste culture, qu’il vaut la peine de citer en longueur. « J'en ai eu le souffle coupé. Pas moyen de faire autrement. Il faudrait être sacrément blasé pour ne pas être impressionné. (…) Mon œil de journaliste examinait les raccords, les arcs-boutants en bois, les parois de verre opaques, les imposantes poutres en acier, les matériaux que l'on n'a pas l'habitude de marier. Dans le même temps, mon regard féminin s'attardait sur les détails liés à l'entretien : les femmes de ménage avec leur aspirateur, les laveurs de carreaux se balançant devant les vitres en arc de cercle, et la magnificence des volumes, idéale pour de grandes réceptions. »
via www.mediapart.fr