Le monde de Dune n’existe pas, c’est de la science-fiction ? Mais alors nous n’existons pas, puisque notre monde relève aussi de la « science-fiction » : une fiction, déterminée par « la science » – les sciences. La guerre, sempiternelle « loi » des relations entre des peuples, Etats, puissances, jusqu’à la fin de la guerre, parce que la guerre épuise, élimine, extermine. Comme les Troyens de Troie. Un populicide. Et Ulysse qui traîne, se traîne, 10 ans à errer, après 10 ans à assiéger Troie, afin de l’offrir sur un plateau au sac à vin, Agamemnon, par le biais d’un cheval, ce talon d’Achille des forteresses. Le Baron Harkonnen, Agamemnon énième, avec toujours plus de boursouflures. Des familles nobles qui se détestent, bien qu’elles soient toutes proches par le sang : encore une banalité. Mais des familles « nobles » 20.000 ans après notre ère – encore ! toujours ! Toujours pas de « démocratie », d’égalité, mais la concentration des pouvoirs, un Empereur, un Etat fasciste, un Etat « libéral », à la tête d’unités de production. Une, sur Arrakis, « Dune », là où se trouve l’extraordinaire « épice », une substance syncrétique d’effets. Après les Harkonnen, les Atréides : décision impériale. Mais quand est-ce qu’un cadeau n’est pas un cadeau ? Derrière les évènements, des plans : intentions et moyens. Les navigateurs de la Guilde nous aident à voir dans les plans : tout est transparent bien avant la réalisation des évènements. Nous voyons. L’Empereur veut la mort des Atréides, et du Duc. Il veut une extermination. Nous voyons. Message d’une conscience (Frank Herbert) à nos consciences : l’épice n’est pas un futur, quelque chose a déjà modifié notre conscience, nous sommes comme les navigateurs de la Guilde, des mutants. Une difficulté dans le plan, impérial/harkonnen : il y a un hic, hic et nunc. Quoi, qui ? Nous ne dirions rien. Dune, la planète des sables. Des déserts, pas d’eau. Quelques rochers, et des déserts. Et sous les déserts, « les rats », comme les Harkonnen les appellent : les Fremen.
Un peuple du désert, des tribus, des codes, une foi. Privés d’eau, enfin, presque, ils ont appris à la récupérer partout : des vents, des corps. Ils stockent (Ils sont meilleurs que nous). Ils arpentent les déserts avec un distille : comment maintenir une température corporelle, dans une atmosphère étouffante. Un circuit permanent de l’eau, ne rien perdre. Les corps des ennemis, sont aussi des stocks : siphonnés. Nous : la planète bleue, le luxe, comme Caladan, la planète des Atréides. Chani, jeune femme Fremen, n’en croit pas ses oreilles. De l’eau partout : le « paradis vert », le rêve des Fremen. La Libération. Et une Prophétie : un Messie viendra. Culture judéo-chrétienne oblige : avec le Messie, la messe est dite. Mais pas pour l’instant. Jusqu’ici, le Messie est resté une légende. Chani n’y croit pas : quasi critique marxiste, elle accuse les croyants/crédules d’avoir un opium. Il paraît que Frank Herbert était proche de. Pourtant, il raconte autre chose : cette foi était pré-voyante. Nous voyons une prophétie se réaliser. Il était difficile d’avoir la foi, mais les croyants avaient, ont, raison. Nous voyons : il faut croire, parce que croire est malgré tout supérieur à tout scepticisme, cette stérilité intellectuelle. Ironies du récit, pour notre temps : des références sont arabes, musulmanes (dans la France, de 2024, sourires); et des femmes sont au coeur des pouvoirs. Bene Gesserit : un ordre religieux, qui a des projets, des plans, des ambitions, notamment le contrôle du pouvoir politique. Et parmi les Fremen, une femme, formée par l’ordre, devient la Révérende Mère. Elle boit (que d’eau !), « l’eau de la vie » : un poison, issu des « vers des sables » (géants). Il ne tue pas les femmes préparées. Elles accèdent, grâce à lui, à un niveau de conscience. Comme l’épice contribue à augmenter les capacités de la conscience. (Pré)Voir, comprendre. Don de soi – qui accepterait d’avaler un poison en connaissant la probabilité d’en mourir et l’infime probabilité d’y survivre ? Une femme accepte. Et elle est celle qui guide le héros, malgré lui – lâcheté des hommes. Critique du patriarcat. Pensée de l’être=pouvoir. Que faire ? Avoir une éthique ou aucune ? Etre puissant, par l’esclavagisme, ou être digne, libre, respectueux ?