Dans cet ouvrage d’un peu plus de 400 pages, l’ancien professeur d’Histoire, historien toujours vivant, Pierre Brule, nous propose un travail qui correspond exactement à ce qu’il est demandé aux professeurs de Philosophie comme aux élèves en Terminale : problématiser. Ne pas se donner, sur le sujet, des pré-jugés, légués/imposés par nos prédécesseurs, mais tenter de reconstruire la figure concernée, morceau par morceau, en procédant par identifications/conservations/exclusions/hypothèses, afin de cerner le noyau du connu-certain, et du vaste territoire de l’incertain, pour lequel les hypothèses sont nécessaires. Et, pour cela, Pierre Brule peut surprendre, mais il s’en justifie : sur de nombreux aspects, il prend au sérieux telle ou telle affirmation, des sources comme Xénophon et Aristophane. Mais le coeur de son propos est de réhabiliter « l’affaire religieuse », celle de la foi de Socrate, et c’est pourquoi il fait le lien entre « Psyché » et le « surnaturel », dans cette partie décisive de l’ouvrage. Et c’est ce qui a également été exprimé, expliqué, dans notre propre ouvrage, présenté ici. A plusieurs titres, cet ouvrage aurait mérité de recevoir un prix, y compris sur le plan littéraire, tant la maîtrise de la langue française, comme de la langue grecque, est exceptionnelle : la phraséologie de l’auteur se savoure comme certains cafés, parfumés et forts. Après cette présentation, des notes seront publiées sur ce blog, afin d’évoquer une partie du livre, de l’analyser et d’y répondre.



L’auteur a lui-même brièvement présenté son livre ainsi :
« Aux centaines de livres intitulés Socrate, quel est l’intérêt d’en ajouter un ? Simplement parce que celui-ci le regarde autrement, tentant de le saisir en même temps que sa cité. En ajoutant « l’Athénien » à son nom, son titre fait allusion à ce regard nouveau ; d’un mot, il s’agit d’aller de lui à son monde et retour. Mais pourquoi lui ? Parce qu’il a vécu dans la seconde partie du Ve siècle à Athènes, parce que la cité offre sur sa propre histoire la plus riche quantité de sources et parce que, plus qu’un autre, il fut décrit par ses contemporains et leurs successeurs : étudier le Socrate d’Athènes, c’est jouir d’un trésor inégalé d’informations. Mais on ne fait pas d’histoire sans question et, dans ce face à face, c’est Athènes qui l’emporte. Cet ouvrage n’est ni un livre de philosophie ni une biographie, ses fins ne sont pas son procès, sa mort. Toute révérence gardée, je me sers de Socrate comme d’un révélateur, un réactif. Ne jamais le regarder sans son contexte – qui me l’explique –, m’aidant à faire de sa cité un portrait, certes fort partiel, mais plus juste. Ce livre jette sur ce transfert d’intérêt trois éclairages analytiques majeurs : lui et ses relations (la société ); lui vivant, s’y mouvant (son corps – le sens qu’il lui donne et son image) ; lui et sa conception, son usage du surnaturel : quelles croyances, quelle piété chez lui et les Athéniens ?
Pierre Brulé«
