S'il y a bien un fait que la pensée politique historique a ignoré ou méconnu, c'est que ce qu'elle a appelé, la cité, l'Etat, le pouvoir, l'intérêt général, etc, s'est structuré dans l'Histoire par la présence, l'exploitation, des animaux, des corps des animaux. Et s'il y a une spécifique positivité à la pensée politique du monde actuel, quelles que soient ses éléments, ses contradictions, ses conflits, c'est, dans la prise en compte de ce qui se nomme généralement, "l'écologie", l'environnement, la conscience que toutes les cités humaines se forment dans un détachement de cette matrice matérielle globale tout en dépendant radicalement d'elle, est devenue la conscience humaine, qu'elle soit superficielle ou profonde. Plusieurs milliers d'années après les débuts de l'Histoire humaine, après l'apparition de l'écriture, cette conscience qui se forme et se forge, en raison des nécessités, vitales, économiques et sociales, est donc le témoin de l'extrême lenteur de la conscience humaine, dès lors qu'il faut prendre en compte, assumer, des vérités, douloureuses, voire, insupportables. Un certain comportement humain (qu'il faut se garder d'identifier avec celui DES humains, puisque des peuples, des civilisations, ont récusé les chemins suivis depuis par d'autres) est devenu celui d'un super-prédateur, exploitant tout ce qui est possible, détruisant beaucoup. Ce comportement, comparable à celui d'une machine ou d'un robot, a atteint, avec le développement démographique planétaire, une telle puissance d'effet(s), que les "ressources" sont menacées de disparition, directement ou indirectement. Autrement dit, pour un bénéfice immédiat, la dite conscience est inconsciente, incapable de s'arrêter, et, ici ou là, elle a provoqué la disparition définitive d'une espèce vivante, ex. Entre temps, et ce pendant des siècles, la pensée humaine de cette vitalité terrestre, des animaux, de leur conscience, de ce que sont leurs corps, est elle-même restée superficielle, souvent bloquée par des apories, des dogmes. L'alliance de ces superficialités a donc rendu possible cette convergence vers et pour le pire. C'est la science des maladies qui a établi, il y a peu, que les principales épidémies/pandémies les plus mortelles ont entièrement dépendu de la proximité entre des Humains et des Animaux. Le nouveau Sars-Cov-2 nous assure une "continuité pédagogique" en la matière.
C'est qu'il y a un vrai refus, globalisé, humain, de ne pas, manger des animaux, tuer des animaux, exploiter des animaux – et une certaine politique, économie politique, répondrait même que c'est une nécessité, que la balance entre les désavantages et les avantages pèse du côté de ces derniers. Mais si nous nous entêtons à vivre sur le dos des animaux, dans une proximité aussi importante, des espèces n'y survivront pas, et nous n'y survivrons pas, le jour où un virus mutant particulièrement terrible pour nous nous décimera. Pour la protection des espèces COMME pour la protection de l'espèce humaine, nous recevons une leçon de vie : il faut prendre de la distance avec le monde vivant, pour le laisser être, le laisser vivre, lui permettre ainsi de durer. Parce que, comme nous l'avons déjà dit (notes antérieures), et comme d'autres l'ont aussi déjà dit, nous agissons à l'égard de tant de formes de vie comme ce virus que beaucoup maudissent. Il est un miroir, et ce qu'il montre est monstrueux. Or, étant donné que cette exploitation animale par l'humain est si central dans les éco-nomies, cette mise à distance ne deviendra effective que par une politique qui, à certains, sera imposée, puisqu'ils ne l'accepteront, ni dans son principe, ni dans son fait. Quant à cette mise à distance effective, ce qui s'appelle une nouvelle politique et une nouvelle économie, leur conception et leur mise en place seront complexes, difficiles.