« Cafés-Philo en France… » : une réponse à une question

Une personne qui a lu le livre m’en a parlé, en me posant une question : pourquoi est-ce que je ne parle pas plus longuement des cafés-philo ?

« Le premier texte de ce livre entend évoquer, l’aventure collective des cafés-philo, commencée en France au début des années 1990, mais n’en constitue ni une Histoire complète et détaillée, ni une archive-enquête, sociologique et intellectuelle, parce que de tels livres, qui, à ma connaissance, n’existent pas, pourraient advenir par le fait d’un travailleur-démiurge capable d’aller chercher des matériaux éparpillés partout en France, de les assembler, enrichir, en accomplissant un travail titanesque qui est hors de ma portée, ou par un effort collectif d’animateurs et d’habitués de ces lieux. En outre, il ne peut se confondre avec de telles possibilités, puisque ce texte propose une critique des cafés-philo, non pas sur leur principe, mais sur ce qu’ils furent et sont, en général, et ce, quoi qu’il en soit de la bonne volonté des uns et des autres. Il s’agit donc d’exprimer cette critique, ses raisons.« 

Puisque le livre ne constitue pas une enquête sociologique, philosophique, sur les cafés-philo, il était aussi évident qu’il était hors de question de se « mettre à la place », de prétendre être à la place des uns et des autres, les animateurs, animatrices, les participant(e)s des cafés-philo, pour dire que, là où ils furent, les choses se passèrent ainsi, forcément ainsi. L’honnêteté intellectuelle requiert de reconnaître qu’il y a ignorance de (comment savoir tout cela, surtout alors que, à cette époque, n’existaient pas, les téléphones portables, les réseaux sociaux), mais aussi que c’est aux uns et aux autres de décider s’ils veulent en parler, s’ils veulent dialoguer, et c’est aussi pour cela que le livre ne dit pas « tout ». Il s’agit de voir/savoir s’il y a ce désir, cette volonté, d’un dialogue – ou pas.

A la manière dont les oeuvres de Platon ont été conçues, par l’association de discours, objectifs, explicites, avec des non-dits, présupposés ou « idées », il s’agit aussi pour moi de voir/savoir si des lectrices, lecteurs, iront plus que loin que le sens le plus évident. C’est que notre époque-monde, placé sous la loi de la « consommation », soumet dans les commerces des « produits finis ». Des livres prétendent être, sur des sujets, exhaustifs. Mais dès lors que nous nous plaçons sous le principe et la valorisation du dialogue, il n’est ni possible ni bon de tout dire. Parce qu’il faut laisser de la place à l’Autre, aux autres. Dans quelques mois, le bilan de cette parution pourra être effectué, et notamment en ce qui concerne les échanges. Ce qui déterminera, en partie, la nature et la composition du second livre appelé à compléter celui-ci, par des propositions, théoriques et pratiques.

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